La «Star’Ac» engrange des millions. Juteuse téléréalité Médias - En six éditions, l’émission est devenue un véritable empire. Décodage.
florence noël
Publié le 09 septembre 2006
Par plaisir ou par curiosité, vous aurez certainement zappé sur TF1 vendredi dernier aux alentours de 20h50. C'est désormais devenu une sorte de routine: en septembre, il y a la rentrée scolaire, et celle de la Star Academy.
Et elle se veut pharaonique, cette sixième édition de la Star'Ac! Parrainée par Lionel Richie et Yannick Noah (l'un étant aussi célèbre que l'autre, a assuré le présentateur Nikos Aliagas), l'émission sera diffusée cette année en direct du studio présenté comme le plus grand d'Europe: 2000 m2 d'une capacité de 1700 spectateurs et garnis d'équipements habituellement réservés aux grandes salles de concert (avant-scène de 30 mètres, tapis roulant, mur d'eau). Du vrai spectacle...
Pas de doutes, TF1 et Endemol, société productrice de l'émission de divertissement, croient encore à la Star'Ac. Il faut dire que ce télé-crochet de l'an 2000 se révèle une machine de guerre économique bien rôdée et surtout très, très rentable. Décodage de sa réussite.
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Audience : même si elle s'essouffle en termes de parts de marché, la Star'Ac reste l'une des émission de divertissement les plus regardées de la télévision française, en particulier des 7-14 ans. Au bout de 6 ans, sa part d'audience moyenne s'affiche toujours à 33,1%. De toutes les éditions, c'est la Star'Ac 2 - celle qui a couronné Nolwenn Leroy - qui a remporté le plus de succès, en drainant pendant toute sa durée 130 millions de téléspectateurs dont 7,6 millions par «prime». Vendredi dernier, la première de Star Academy 6 a totalisé 6,8 millions de fans, soit une audience de près de 34%.
- Pub : qui dit audience dit forcément publicité. Et là, TF1 fait très fort. Son émission phare profite de nombreux parrainages - pas moins de 6 partenaires se partagent le sponsoring de la dernière édition - qui s'avèrent très lucratifs: en moyenne, l'entreprise qui souhaite devenir sponsor officiel de Star Academy doit débourser environ 1,7 million d'euros. A titre de comparaison, TF1 ne demande que 5000 euros pour le sponsoring de son émission «Hits & Co».
Côté spots publicitaires, les tarifs n'en finissent pas de grimper. Aujourd'hui, le sport de 30 secondes diffusé en access (ndlr. pendant l'émission quotidienne) peut valoir jusqu'à 50'000 euros. Lors d'un prime time, le même spot dépasse parfois les 100'000 euros. En 2003, l'émission a engrangé sur 4 mois 170 millions de recettes publicitaires. Et on ne parle pas des SMS et des appels téléphoniques, extrêmement rentables pour la chaîne, le producteur Endémol ainsi que France Télécom.
- Produits dérivés : surmédiatisé, le télé-crochet de TF1 a rapidement développé une centaine de produits dérivés. Résultat: un carton impossible à chiffrer. En bref, le concept Star Academy se décline en un site internet, un magazine (plus de 7 millions d'exemplaires vendus depuis le début), du textile et des accessoires, des baladeurs, des lecteurs DVD et bien sûr des jouets. L'édition 2006 accouchera sur une gamme de jeux jouets relookée, des livres inédits, un nouveau téléphone portable et un nouveau baladeur Mp3.
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Stars : A force de produire des stars, l'émission en draine de plus en plus. Il y a d'un côté les célébrités qui parrainent les éditions, et de l'autre les profs. Et tous sont très bien rémunérés. Pour soutenir la Star'Ac 3, Elton John aurait touché 200'000 euros. Pour 4 mois de travail acharné, les profs, eux, gagnent un tantinet moins: de 30'000 euros pour les moins connus à près de 100'000 pour les stars comme Kamel Ouali. En hésitant durant tout l'été à participer à la Star'Ac 6, le chorégraphe aurait fait monter son salaire d'un cran. Mais il ne s'agit là que d'une rumeur. Les moins payés? Le élèves bien sûr: 600 euros par semaine, plus une prime pour les finalistes. Le lauréat emporte une avance sur cachets d'un million d'euros.
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Les disques dans le top ten Les disques: Ils sont le nerf de guerre de la Star'Ac. Depuis son lancement en 2001, l'émission aurait, dit-on, sauvé l'industrie du dique française de la déroute. Le terme semble un peu fort, mais il n'empêche. La Star'Ac finit toujours dans le top 10 des ventes de disques, qu'il s'agisse des lauréats - Jenifer et Nolwenn sont ici emblématiques - ou de la classe dans son entier (plus de 4 millions de disques vendus chaque année). Seule exception: Magalie Vaé, gagnante de la dernière volée, n'a réussi à écouler que 15'000 exemplaires de son album. Une erreur de parcours, assure TF1. Cette année, le groupe Universal est carrément de la partie, son patron Pascal Nègre ayant intgré le jury. Preuve que la Star Ac profite à cette industrie.
Tribune de Genève